Hors Série : Les War Stories de Battlefield V

Et oui, toujours pas de reprise pour notre activité (encore que certaines préfectures autorisent les sites de plein air à pratiquer alors n'hésitez pas à vous renseigner, si ça se trouve vous avez un préfet plus sympa que vous ne le pensiez). Et comme les salles de cinéma sont toujours affreusement dangereuses si j'en crois nos dirigeants, pour combler notre manque d'action il ne reste plus que les jeux vidéos. 

Pour ma part j'avoue que je ne suis pas friand de jeux multijoueurs (ne me parlez pas de Warzone et consorts) aussi ne me suis-je jamais vraiment penché sur la saga Battlefield, en dehors de Hardline qui disposait d'un bon mode histoire ainsi que de Battlefield 1 dont le cadre m'avait intéressé (la Première Guerre Mondiale, qu'attendent les éditeurs pour proposer une vraie aventure dans ce contexte ?). Et encore, pour ce dernier les War Stories (les mini-campagnes solo) m'avaient déçu : peu de combats de tranchées, une durée de vie totale de peut-être quatre heures en mode normal et des niveaux extrêmement courts et vides d'adversaires. 

Alors pourquoi ai-je choisi de donner sa chance au mode solo de ce Battlefield V ? Tout simplement parce que les retours indiquaient que les War Stories avaient été nettement mieux travaillées et qu'en prime il y aurait une histoire allemande, chose qui de mémoire n'était encore jamais arrivé malgré des décennies de Call of Duty et autres Medal of Honor.

Bref après un prologue alléchant proposant de vivre de courtes scénettes aux quatre coins du globe, plongeons nous dans ces quatre mini campagnes sensées nous présenter une nouvelle approche de la Seconde Guerre Mondiale. 

Nordlys

Pour sa première campagne, le jeu vous mettra sur... Des skis ! 
En effet Nordlys se déroule en Norvège occupée en 1943 et vous permet d'incarner Solveig, une jeune fille membre de la Résistance partie au coeur de la tempête libérer sa mère détenue dans une usine allemande. 

La bataille de l'eau lourde est effectivement un cadre inédit car hormis le film Les Héros de Télémark (qui n'était pas mauvais mais pas extraordinaire) aucune autre oeuvre ne s'y est frottée. Cette toile de fond enneigée fait ainsi plaisir à voir et change de la traditionnelle bataille des Ardennes qui en général sert de case "terrain hivernal" dans ce genre de jeu. 

A propos du gameplay, on reste dans le classique en dépit de l'emploi de skis pour les déplacements lors de deux trois phases. A ce niveau le jeu ne surprend pas des masses en reprenant le concept de map ouverte dans laquelle se trouvent différents points d'intérêts plus ou moins bien gardés. 
Vous voulez de l'action ? Foncez dans le tas et heurtez vous à des ennemis pas bien malins mais capables de contourner et de faire mal rapidement (en normal, certaines situations peuvent déjà être délicates). Vous préférez tenter d'être le plus discret possible ? Alors repérez les ennemis comme pour le solo du précédent épisode et glissez vous dans leur dos pour suriner tout ce beau monde un par un en coupant les alarmes au passage. 

Du classique c'est vrai, mais du classique bien fait et mieux rythmé que par le passé : terminés les niveaux bouclables en cinq minutes car composés de seulement une vingtaine d'ennemis (véridique, c'était le cas d'au moins deux niveaux de BF 1), place à des niveaux de minimum trente minutes pour une première War Story bien mise en scène lors des cinématiques et qui devrait vous occuper environ deux heures. De plus passez moi l'expression mais bon sang ce que c'est beau !

Sous aucun drapeau

Deuxième histoire de guerre du titre, celle de Billy l'ancien braqueur qu'un officier de sa Majesté a sorti de prison pour intégrer une unité suicide en Afrique du Nord. 

Là encore, du classique : le niveau est à chaque fois immense et vous serez libre de l'aborder de la manière dont il vous plaira. Pour le coup le premier segment est assez court : vingt minutes suffiront à parcourir l'aérodrome et à liquider la petite trentaine de gus qui s'y trouvent. 

J'ai ainsi crains que le titre après une première histoire maîtrisée ne retombe dans ses vieux travers avec des niveaux vastes mais vides de toute présence ennemie. Mais fort heureusement la suite sera plus consistante avec là encore une phase d'open world vous proposant de détruire trois zones étalées dans un désert où nombre de patrouilles rôdent. 

Avec son histoire où deux soldats ratiboisent une division entière, on lorgne vers le diptyque Bad Company et son ton plus léger. Sous aucun drapeau ne passionne peut être pas, mais l'histoire amuse et il faut le dire l'action est très présente avec un dernier tiers certes un peu court mais qui vous demandera de donner tout ce que vous avez pour repousser les vagues successives d'ennemis !

Pour ma part, une campagne sympathique mais un peu trop courte, car pliée en un peu moins d'une heure et demi. Hum cela commence à faire un peu just comme on dit. 

Tirailleur

Voici certainement la campagne qui a le plus fait parler d'elle car choisissant d'aborder le sort des troupes coloniales françaises. Après l'absence remarquée et justement critiquée des troupes françaises dans l'opus consacré à la Première (ce qui de mon point de vue est une honte sans nom), Dice semble vouloir se rattraper en intégrant des français dans son histoire. 

Vous voilà donc en Provence dans les bottes de Démé, tirailleur sénégalais fraîchement débarqué avant d'être cantonné aux tâches ingrates de la vie de camp. Un jour, la chance est donnée au régiment de Démé de prouver sa valeur au combat en attaquant un château aux mains des allemands. 

Cette fois, pas question de faire dans la dentelle : vous êtes ici pour vous battre et emporter un maximum d'allemands dans la mort ! 
Cette Story prend des airs de Medal of Honor avec ses très nombreuses (et longues) séquences de batailles où alliés et ennemis s'étripent dans des décors à se péter la rétine. Seul hic : la voix off nous répète constamment que les tirailleurs étaient mal équipés et à court de munitions, mais à peine débarqué on ne sait plus où donner de la tête tant les armes et munitions sont partout ! Et au pire, ramasser le fusil de l'ennemi que vous avez abattu reste possible. 

Par contre pourquoi ne pas fournir les armes françaises (hormis le Chauchat et le Ruby) et équiper les tirailleurs de fusils anglais ? Question authenticité on repassera sur ce coup là. Par contre l'histoire de Deme touche, c'est une certitude, même si j'ai trouvé que la narration manquait de nuances.
A titre de comparaison le film Indigènes racontait la même chose mais montrait que Français et Coloniaux se battaient ensemble. Dans le jeu, les tirailleurs sont seuls et chaque Français continental est soit caché à l'arrière soit présent une fois la bataille passée. Bref il y a du mieux par rapport à l'immondice que fut BF 1 mais visiblement Dice devrait apprendre à mieux travailler son sujet en ce qui concerne l'histoire de France. 

Malheureusement après environ deux heures, le titre nous livrera la conclusion la plus frustrante qui soit à cette war story. Vous vous souvenez que le but est de capturer un château ? Et bien... Vous ne jouerez pas cette scène. Bon sang pourquoi priver le joueur de ce final épique ? Les portes s'ouvrent, un ralenti s'enclenche au cours duquel vous aurez une vingtaine de secondes pour tirer sur les ennemis, et basta fondu au noir cinématique de cinq minutes. Mais mince pourquoi ne pas avoir montré un peu de combats d'intérieurs dans les coursives du fort ? 

The Last Tiger

Après un long téléchargement (le jeu a eu de nombreuses mises à jour gratuites depuis sa sortie donc le temps d'installer tout ça, voilà voilà quoi) voici enfin cette campagne allemande. Enfin un studio prend un risque en plaçant ses personnages du mauvais côté de l'Histoire. 

Car Battlefield, c'est aussi des tas de gros véhicules ! J'ai eu tendance à l'oublier avec les trois autres histoires orientées infanterie, mais les tanks ont joué un rôle très important dans ce conflit !  Vous voici donc dans la peau de Peter Muller, chef d'un des derniers chars Tigre encore en activité tandis que Berlin livre ses derniers combats. 

Côté gameplay, le spectacle est assuré : attendez vous à dégommer des chars Sherman par paquets de cinq et à mitrailler de pauvres fantassins qui décidément ont grave la foi de s'en prendre à un Tigre avec une mitraillette Thompson. Deux trois escapades hors de votre véhicule seront également à prévoir, et contrairement à l'histoire des tirailleurs, vous allez vraiment sentir le manque de moyens des allemands à la fin de la guerre. Quelle ne fut pas ma surprise au moment de mitrailler le premier américain d'entendre le "clic" de fin de chargeur après une seule rafale. Woups. Un demi chargeur de MP 40 et sept balles de Whalter... On va y aller en scred plutôt hein ! 

Mais là où cette campagne brille, c'est en ce qui concerne sa vision des troupes allemandes à la fin du conflit. L'équipage du char devient une allégorie des soldats de l'époque : le rincé, le jeune froussard, le gosse endoctriné tête à claques et le commandant qui tente de rester droit dans ses pompes et de garder son groupe en vie. Les personnages sont tous très réussis et certaines destinées seront particulièrement amères. Le final est par ailleurs très efficace ! Quel dommage que le tout ne dure pas plus d'une heure... Bon sang, j'aurais tellement voulu apprendre à mieux connaître Muller... Au moins, l'heure est excellente et Dice malgré son bagage d'erreurs historiques a osé dire qu'en 39-45 tous les allemands n'étaient pas des monstres. 

Conclusion

Quatre stories pour environ six heures et demi de jeu plus tard, l'heure est au verdict ! D'un côté je ne parviens pas à admettre certaines erreurs historiques et le côté un peu trop répétitif de l'arsenal (quand on voit le nombre de pétoires en multi on ne peut qu'être déçu d'en voir peut être seulement le tiers dans le solo). De plus par moments on sent un léger manque de finitions sur ces petites campagnes, par exemple lorsque dans les cinématiques de l'histoire de Billy celui-ci est à chaque fois équipé d'une mitraillette Sten pour finalement utiliser une Thompson 1928 version Chicago une fois en jeu... 

Mais malgré les nombreuses erreurs et le fait que sept petites heures ce soit tout de même trop court pour un solo... J'ai apprécié. 

D'une part parce que Battlefield nous a habitué jusqu'ici à des campagnes de cinq heures maximum, par conséquent un effort a réellement été fait par les développeurs pour proposer une campagne plus propre et solide que par le passé. La saga étant orientée multijoueur depuis toujours, les efforts de Dice pour fournir un contenu solo de qualité se font sentir, et je croise les doigts pour que le studio continue dans cette voie car clairement ils ont la caisse pour faire de bons solos. 

Les histoires manquent de nuance mais les cadres choisis sont dépaysants et permettent d'apporter du neuf au passionné de la période tandis que le rythme fait que l'on s'amuse pour de bon et que cela ne posera pas de problème de rejouabilité. De plus graphiquement Dice rappelle qui est le patron avec des environnements incroyablement détaillés et dont l'authenticité est presque palpable : ramper dans la boue salit votre arme, les feuilles mortes réagissent aux explosions et presque tous les bâtiments sont destructibles pour peu que vous disposiez de la puissance de feu nécessaire.

Clairement il y a un monde entre le solo de BF 1 et celui de BF V, Dice a clairement appris de ses erreurs et semble avoir écouté les retours qui déploraient des maps vides aux combats rushés et mollassons. Il est en revanche dommage que malgré la tonne de contenu ajouté gratuitement les développeurs n'aient pas livré une campagne se déroulant dans le Pacifique ou sur le front soviétique, cela aurait fait du jeu un pilier du FPS Seconde Guerre. 

On ne tient toujours pas le véritable retour des gros FPS solo sur la période, mais c'est ce qui depuis Call of Duty WWII s'en est le mieux rapproché. A prix réduit, pourquoi pas ! Et si vous enchaînez sur le multi derrière, le coût n'en sera que mieux amorti. 

Note : 15/20 

A bientôt (j'espère, putain ce que c'est looooong) sur le terrain

Gaffeur